Les mâchefers, mon avis sur la question

Le Tribunal fédéral a récemment rendu sa décision : l’initiative visant à interdire l’enfouissement des mâchefers à Genève est jugée irrecevable. J’ai pris acte de ce jugement, mais je le dis sans détour : ce combat est loin d’être terminé.
Chaque année, Genève produit plus de 40 000 tonnes de mâchefers. Ce sont les résidus solides issus de l’incinération des déchets : litière, céramique, verre, sable, métaux lourds, … Aujourd’hui, ces déchets sont envoyés dans d’autres cantons. Demain, on envisage de les enfouir ici, chez nous, à Satigny, sur des terres agricoles fertiles. Et je m’y oppose fermement.
Soyons clairs : si ce projet aboutit, je serais personnellement indemnisé. Oui, je deviendrais plus riche. Mais ce n’est pas mon combat.
Aujourd’hui, ces terres sont recouvertes d’herbe pour mes vaches. Je préfère qu’elles restent ainsi. Je me bats par conviction. Et j’aurais agi exactement de la même manière si la décharge devait se faire à Versoix, à Chancy ou ailleurs.
Je suis agriculteur. Je vis avec la terre. Je refuse qu’on la transforme en dépotoir. L’enfouissement des mâchefers est une solution du passé. C’est un déni de responsabilité, une fausse réponse à un vrai problème.
Si Genève ne trie pas mieux ses déchets, c’est parce qu’elle n’a pas les outils pour le faire. A la Commission de l’Agriculture, que je préside, nous faisons tout pour trouver une solution à ce problème et pour imposer une plateforme de sur-tri mécanique et manuel. Ce type de tri permet de récupérer bien plus de matériaux recyclables avant incinération : métaux, verre, certains plastiques. Cela fonctionne ailleurs qu’en Suisse. Il n’y a aucune raison que ce ne soit pas le cas chez nous.
Réduire les déchets, recycler davantage, valoriser ce qui peut l’être : c’est ça, la responsabilité. Pas enterrer les résidus de notre surconsommation à quelques mètres de vignes, de champs et de maisons.
Je ne suis pas un militant écologiste. Je suis un homme de terrain. Mais je sais que notre canton doit mieux faire. Pour ses habitants, pour ses sols, et pour les générations qui nous suivront.
Ce combat, je le mène pour les genevoises et les genevois dont mes enfants, mes neveux, mes nièces et les enfants de mes amis. Et je ne le lâcherai pas.

Les mâchefers à Satigny - Lionel Dugerdil